L’intelligence artificielle générative s’impose comme un outil révolutionnaire dans les métiers de la création. Elle modifie en profondeur les pratiques tout en soulevant des défis éthiques, environnementaux et juridiques. Loin des mythes véhiculés par la science-fiction, l’IA est avant tout un assistant conçu pour amplifier les capacités humaines. Comme le souligne Florent Michel, responsable pédagogique de L'École de design Nantes Atlantique, “elle enrichit le travail des créateurs sans les remplacer.”
Dans la création graphique, l’IA simplifie les tâches répétitives telles que la retouche photo ou le prototypage, tout en stimulant l’innovation. Floriane Bont, directrice artistique chez l’agence Nouvelle Vague, partage son expérience : "L’IA me permet de structurer mes idées et de challenger ma vision sur des projets complexes." Cependant, elle oblige également les professionnel·les à revoir leurs méthodes et leur rapport à la technologie, comme l’arrivée de Photoshop dans les années 90 l’avait fait.
Former les créateurs & créatrices de demain à l’usage de l’IA
Progressivement, l’enseignement supérieur intègre la pratique des outils IA dans ses programmes. , directeur général adjoint de L’École de Design de Nantes Atlantique et Florent Michel insistent sur la nécessité de former les étudiants à une approche critique et éthique. Les plateformes IA telles que Midjourney ou Adobe Firefly sont utilisées pour des projets concrets, mais toujours dans une optique où la technologie complète le talent humain sans s’y substituer.
L’émergence de ces technologies donne naissance à de nouveaux métiers. Les promptographes, spécialistes de la rédaction de commandes pour IA, et les designers algorithmiques, qui conçoivent des expériences immersives, en sont des exemples. Ces rôles redéfinissent les compétences nécessaires pour conjuguer art et technologie.
Pourtant, cette révolution n’est pas sans conséquence. Catherine Ramain, vice-présidente de l’APCOM, alerte sur l’impact environnemental de l’IA, notamment la forte consommation d’énergie liée à l’entraînement des modèles et à leur utilisation. Une approche de sobriété numérique s’impose, visant à maximiser les bénéfices créatifs tout en réduisant l’empreinte écologique.
Encadrer les créations IA pour protéger les droits d’auteur
Les questions juridiques sont également centrales. Les contenus générés par l’IA s’appuient souvent sur des bases de données existantes, soulevant des problématiques liées aux droits d’auteur. Floriane Bont souligne la nécessité d’un encadrement pour éviter les abus, tandis qu’Eric Dufourd, directeur de la création chez Carré Noir, explique que chaque création générée nécessite souvent des retouches humaines et une documentation rigoureuse pour garantir la propriété intellectuelle.
Loin d’être une menace, l’IA est une alliée puissante pour les créateurs & les créatrices. Comme le résume Floriane Bont, "elle enrichit le processus, mais ne doit jamais prendre le dessus sur l’intention humaine." Ce nouveau paradigme invite les professionnel·les à repenser leur rôle, non plus seulement comme artisans, mais comme stratèges et innovateurs. L’avenir des métiers de la création repose sur un subtil équilibre : tirer parti de la puissance technologique tout en préservant l’humanité et l’éthique au cœur de chaque projet.
Article rédigé par étudiantes de l'ISEGCOM Alexine Bodin, Loane Bechet et Alexia Millet dans le cadre du partenariat avec l'APCOM.